Imaginez un peu….je tombe de ma planète pour m’être penché trop fort et je me retrouve chevauchant un rocher lancé par une catapulte depuis l’astéroïde qui gravitait juste en dessous…Tel le baron de Munchausen ou le général fou de Doctor Strangelove, ne croyez pas que je n’avais aucune connaissance de ce monde-ci, nous ne sommes pas des sauvages !…….. me voici pirate intergalactique ou chevalier du cosmos ! Au loin la voix de ma mémé se fait plus ténue mais encore audible, il faut dire que juste avant la chute nous étions tout deux à cueillir des asperges sauvages pour la tarte du même nom….vous entendez ?
Mémé : Tu allais perdre aux cartes ! Mon petit tu es bien mauvais perdant….
Asylniv : Quelles cartes mémé ? On cavalait dans la colline toi et moi. Mon pied s’est pris dans un terrier de glamfarrow et voilà le résultat.
Mémé : Mon petit je t’ai pourtant appris qu’il ne sert à rien de mentir pour se sauver d’un mauvais pas !
Asylniv : Mémé tu ferais mieux de me dire comment je peux remonter là-haut ! Je ne t’entends presque plus !
Mémé : N’oublie pas les racines…….
Asylniv : Quelles racines mémé ? Comment je reconnais celles qui sont plus magiques que les autres ? Mémé ?.. Trop tard. Ils ne vont jamais réussir à me renvoyer là haut.. ……..Avec la chance que j’ai je crois bien que je suis tombé sur la planète la plus…..Oh pardon. Je ne m’étais pas rendu compte que vous écoutiez. Je suis sûr qu’elle n’est pas si mal votre planète une fois qu’on….Enfin je veux dire…Le petit avec les grandes oreilles il avait bien réussi à téléphoner chez lui , non ? Ah…. Ah bon…..dommage. J’avais vraiment cru que……………….Mais c’est comme le reste je suppose. Les produits périmés qu’on a toutes les peines du monde à recycler et les visiofictions à la tonne qui remplissent vos satellites… Que de la frime….Un mot à vous… Oui, dans nos écoles on apprend le terrien, je n’en avais jamais trop vu l’utilité jusque là , mais je sens que ça va me servir…Mémé, t’inquiète pas, je trouverai le moyen de rentrer !J’en ai vu d’autres !
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CHANSON
Vous ne savez rien de nous
Nos histoires et nos chansons
Ça ne vous intéresse pas
Nos paysages nos collines
Nos jungles nos déserts nos forêts
Le goût sucré des bellandines
Et celui plus amer du znambé
Vous vous en moquez
Vous nous voyez tous semblables
Comme des clônes , des copies
Vous n’essayez même pas de voir
Vous ne savez rien de nous
Sauf le nom de notre planète
Oubliez que vous m’avez vu
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Extrait de
IMERA, REINE DES SUNLIGHTS (carnet 2)
Elle est vêtue de bordeaux, orange, jaune violet avec un foulard années cinquante et des lunettes de soleil de star .. Elle est installée sur un mur ou un escalier avec un petit ventilateur portable qu’elle tient à hauteur de son visage.
Quelle brise agréable vos ne trouvez pas ? J’adore cette plage… Bien sûr il faut marcher des heures pour y arriver mais ça en vaut la peine non ? C’est ce que vous pensez aussi puisque vous êtes tous venus …..Je savais que je pouvais compter sur vous…..
Regardez ce coucher de soleil…Quelles incroyables couleurs…..Cela vaut tous les films du monde…Non merci, je n’ai pas envie de jouer au volley ou d’aller manger une glace… J’ai juste envie de rester là et de regarder le soleil descendre sur la mer.. Vous êtes gentils…Comme c’est merveilleux d’avoir autant d’amis…
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CHANSON
La vie est un feu d’artifice
Un spectacle de music hall
Un cirque, un bal, une parade
Une plage au soleil
Ya plus de solitude, juste des amis sincères
J’ai toujours l’argent pour prendre un taxi
Pour prendre l’avion, pour les hôtels de luxe
Pour me passer toutes mes fantaisies
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la voyante : Ma chère madame, je vois un avenir radieux
IMERA : pouvez vous préciser ?
voyante : la vision s’estompe, s ‘éloigne…
marie : je n’ai pas mon chéquier sur moi…
voyante : dommage.. à la semaine prochaine !
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Marie s’est installée un peu plus loin.
Brandon, please, veux- tu bien m’apporter un daïkiri ? Non merci, pas besoin de mon pashmina. Je vais remettre un peu de crème solaire sur mon visage afin de ne pas brûler ma peau fragile tandis que soleil descend doucement sur le glacier… Tu serais un amour si tu allais préparer un feu dans l’immense cheminée de notre chalet savoyard….Le temps est à la neige, non ? Brandon, mon amour , je n’ai peur de rien quand tu es là pour me protéger. Pourquoi donc crois tu que je t’ai choisi, toi, parmi tous les autres ?…
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banquier : que vous le vouliez où non, votre salaire n’a pas encore été versé et vous êtes à découvert
marie : ça ne saurait tarder, il aurait dû arriver il y a dix jours
banquier : oui, eh bien, votre patron a dû avoir quelques soucis de trésorerie, cela arrive aux meilleurs d’entre nous, c’est à vous de prévoir mon petit. Il faut économiser comme la petite fourmi afin de se constituer une petite réserve pour les impondérables comme celui ci.
Marie : Le mois dernier au contraire vous m’avez conseillé de dépenser
Banquier : eh bien oui, épargner un peu et dépenser beaucoup, prenez exemple sur les plus riches que vous qui vous montrent le chemin. S’ils peuvent y arriver, alors vous pouvez y arriver aussi, faites donc un effort. En attendant, je vais être obligé de vous mettre un petit agio, ce n’est pas que cela m’amuse croyez moi, mais…
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Extrait de "Ylosreen, princesse Byzantine"
( carnet 3)
Me voici telle que je me rêve. Ma vie en cet instant suspendu. Mon souffle retenu. Le vide, sous la pointe prudente de mon pied. Dans le cuir souple de la chaussure brodée, les orteils comme des petites chauve-souris attentives, la tendre pulpe sous le pied comme une délicate chenille sur une jeune pousse de printemps. Le poids du corps à peine basculé sur l’avant. Un instant infini tout peut arriver. La chute. L’abîme. la mort. Mon cœur s’emballe. Je ferme les yeux. Je m’abandonne.
Sous mon pied, la masse rassurante et solide de la prochaine marche.
La première.
Encore sept cent vingt sept autres.
En bas, tout en bas, ils m’attendent en silence
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Ma mère épluchait pour moi de douces-amères mandarines qu’elle me donnait quartier après quartier, petites lunes fauves qui faisaient saliver ma langue . Odeur sucrée de la joue de ma mère, odeur épicée des coupes en bois de cèdre, mes longs cheveux mêlés à ceux de ma mère, ma mère aux larmes salées, ma mère de douleur. Ma mère. Moi étrangère en son amour, à jamais affamée, impossible sevrage. Un jour, elle disparut.
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Vieil homme
Est ce mon père qui t’envoie
Avec ton bol à thé et ton bâton
Je n’ai que faire de tes sages paroles
Vieil homme
Tes os grincent comme une porte aux gonds rouillés
Ta plume croasse
Sur le parchemin de mes jours
La cicatrice sur ma peau
Dessine une écarlate boursoufflure
Je ne guérirai plus
Vieil homme, la lune mandarine
Sourit à l’absence infinie
Tu viens trop tard
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Ylosreen, où es tu petit chat sauvage ? Je t’appelle depuis si longtemps que ma voix s’est usée comme une vieille étoffe
Nourrice, je jouais avec le vent
Ylosreen, petite belette, rentre, ton père sera furieux
Nourrice, le ruisseau m’a lavée, le sable m’a séchée, le soleil couchant a fardé mon visage
Ylosreen, petit renard fauve, tu n’as pas besoin de fard sur tes joues
Nourrice, je veux une robe de velours mandarine et d’or brodé, des bijoux de lapis-lazuli pour encadrer mon front et mon visage, un manteau de pourpre et de sable, des bottes de fin cuir plus souple que la peau de ma main. Si je n’ai pas cette robe je ne rentrerai pas.
Ylosreen, petite couleuvre, tu auras ta robe car voici qu’un homme est venu pour toi et bientôt tu seras femme
Nourrice, ses yeux sont ils comme deux étoiles sur le sombre de sa peau ?
Ses yeux sont comme deux charbons sur l’ivoire de sa carcasse
Nourrice, sa bouche est elle une source fraîche ou boivent les rossignols ?
Sa bouche est comme un torrent boueux qui gronde et emporte tout sur son passage
Nourrice sa force est elle comme un cerf sauvage, comme un aigle, comme un jaguar ?
Sa force est comme un cep noueux, comme un roc, comme une lave éteinte. Sa maison est vaste, son nom comme un drapeau, ses coffres remplis d’or. Ta robe sera bientôt prête ma princesse. Bientôt tu descendras l’escalier aux yeux de tous et les tambours battront l’heure de tes noces.
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Extrait de "Eli-Ju, clown rebondissante" ( carnet 4)
cette lecture s'est faite à 7, mais elle peut être faite à 2, ou à... nombre indéfini
Eli-Ju : Au début, le feu était comme une petite fleur . Une petite fleur rouge comme la robe qui battait sur mes mollets de petite fille . La robe était déchirée à cause des ajoncs et des ronces. La fleur se para de jaune et lècha les brindilles sous mes pieds . Le chemin de terre était doux .Une cigogne s’envola. Je laissai le feu loin derrière et au premier signe de fatigue , m’endormis sans remords. Dans ma poche, une petite boule rouge avait trouvé sa place.
Sofik, lézard violet : Bienvenue sous le plus carsin chapiteau du monde ! Entrez mesdames et messieurs, une petite pièce et vous pouvez entrer
Eli-Ju : je n’ai pas d’argent
Sofik : Un petit chocolat et vous pouvez entrer, nos animaux féroces se nourrissent de chocolat exclusivement et nous n’en avons jamais assez, en fait nous envisageons d’avoir une petite usine de chocolat itinérante dans l’une de nos roulottes.
Eli-Ju : Je n’ai pas de chocolat
Sofik : Un collier ? une bague ? La pie de mademoiselle Fraise adore les bijoux
Eli-Ju : Qui est mademoiselle Fraise ?
Sofik : Notre danseuse de corde acrobate équilibriste dompteuse de pies et de libellules
Eli-Ju : Je n’ai pas de bijoux
Sofik : Vos poches sont tout à fait vides ?
Eli-Ju : Seulement ce nez rouge
Sofik : Ah mais ça c’est très différent ! Non seulement vous pouvez entrer, mais vous aurez droit à la meilleure place ! ! !
Eli-Ju : En fait, le chapiteau était vide. Vide, mais pas silencieux : les gradins étaient remplis du bruit des spectateurs, on entendait les rires des enfants, les voix des parents, des bribes de conversation . Juste avant d’entrer je me retournai : à l’horizon lointain , la langue rouge et jaune du feu lèchait les arbres et le ciel. Avant que l’incendie n’arrive jusqu ‘à nous, j’avais largement le temps de voir le spectacle.
Sofik : Et pour commencer notre nouvelle artiste mademoiselle Eli-Ju va nous chanter une petite chanson !
Eli-Ju : Et alors ils se sont tous retournés vers moi tandis que le projecteur m’entourait d’un halo chaud et doux comme la mère que j’avais si peu connue. Est-ce qu’on peut dire qu’un son se retourne vers nous ? Le silence et les petits chuchotements me picotaient la peau de mille petites chatouilles agaçantes et qu’est ce que je pouvais faire ? Je me suis levée et je suis descendue et mes pieds ont foulé la sciure de la piste jusqu’au centre. Et là, j’ai vu que Sofik avait raison : C’était vraiment la meilleure place.
Chanson de la petite Eli-Ju :
Le feu a brûlé ma maison
Le feu a brûlé ma vie d’avant
Ils ont emmené ma mère malgré mes cris
Je ne l’ai jamais revue
Le feu a brûlé ma ville
Le feu a brûlé mon enfance
Mon père et mes frères ont été vêtus de kakhi
Je ne les ai jamais revus
J’avais mal parlé à ma mère
C’est pourquoi le feu est venu sur notre maison
Je n’avais pas écouté mon père
C’est pourquoi le feu est venu sur notre ville
Maintenant j’ai quitté ma maison
J’ai quitté ma ville en ruines
Mes pas allument des incendies
Mon regard est une torche impitoyable
Je voudrais être différente
Je voudrais être une enfant aux yeux de bleuets
Je voudrais être une eau qui désaltère
Je n’ai pas choisi
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extrait de: SCAPAL, BERGER DES ETOILES (cinquième carnet)
Il faut que je trouve la porte. Rioclar à un jet de pierre. La terre comme une géante plaine de Crau, cailloux à perte de vue. De porte, point, dans cet horizontal.
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Première clé :
Enfant, pas même en marche, traîne-genoux. La main qui lève le bâton. La voix qui tonne. Moi, apeuré. Trou de souris. La géante-chienne aux longs poils bruns. Plus bouger. Me lèche, m’ajoute à sa portée, m’enveloppe. Je ne vois que le bleu du ciel au-dessus, celui-là exactement. Suis chiot aimé, suis adopté. Dérive en sommeil.
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Glouctroup : Je suis Glouctroup
Imarrade : Je suis Imarrade
Serrefon : Je suis Serrefon
Glouctroup : Bienvenue au bar des étoiles.
Serrefon : Au café des troupeaux perdus
Imarrade : Speed dating pour bergers transis
Serrefon: Une minute, un mouton.
Imarrade : Je tiens le tiroir caisse, et plus si affinités.
Glouctroup : Rien de vénal, n’allez pas croire.
Serrefon : Nous avons à notre actif de belles réussites.
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Chanson du petit Prince :
Le petit prince a dit
Je viendrai si ça m’dit
Mais de mouton y a plus
Mêm’ pas sur un papier
Qu’on touche et qu’on replie
Sur Cyberweb seul’ment
Fuck you si pas content
Fuck you si pas content
L’était pas bien poli
Cet enfant d’aujourd’hui
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Extrait de
N. C. Stab, maraudeur urbain ( sixième carnet)
Je m’appelle Ensie Stab, N.C Stab, du plus loin que je me souvienne, c’est à dire hier soir ou demain matin, au train où vont les choses, quelle différence. Ils m’ont contacté par téléphone dans une vieille cabine déglinguée, au bout du bout d’une ville de l’hémisphère nord. Une idée bien cheap cette cabine. Il faudrait être fou, il faudrait n’avoir jamais vu tous ces films où le type se fait dégommer juste parce qu’il a commis l’erreur d’entrer dans une cabine comme ça. Une usine à meurtres, cette cabine. Mais je m’appelle Stab, alors il y avait une chance que ce soit moi le tueur, pas l’inverse, c’est ce que je me suis dit dans un instant de délire personnel, fatigue, manque de sommeil, va savoir. Je suis entré. J’ai décroché. Une voix de femme, une caresse de voix de femme, là où j’attendais le métal bleuté d’une voix habituée à commander et à être obéi. « Trouvez NC Stab », a dit la voix. Il a disparu depuis une quinzaine, il nous fait faire beaucoup de souci. « Je suis NC Stab, c’est moi NC Stab, j’ai dit » « Ne croyez pas que ça rende les choses plus faciles », elle a répondu en riant. Puis elle a ajouté : « Nous attendons des résultats » Et elle a raccroché. Alors, je me suis retourné, quelqu’un avait déposé une mallette contre la cabine. La rue était déserte et la mallette pleine d’argent. Je suis rentré chez moi. J’ai rêvé à cette voix, à ce rire, à comment ce serait d’avoir une femme avec une voix comme ça. Je voyais bien qu’il aurait fallu tout recommencer à zéro pour avoir une chance d’un sur un milliard, un jour, d’entendre cette voix me dire au téléphone : « NC, amour de ma vie, si on sortait ce soir ? » En attendant, je ne savais pas par où commencer. Alors je suis rentré à l’hôtel et j’ai sorti un vieux vinyle et mon teppaz années 60 de ma valise au dessus de l’armoire, et j’ai écouté John Mayall, « Blues from Laurel Canyon », allongé sur le lit, jusqu’à ce qu’il me vienne une idée.
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Je fais du café pour ma mère
Elle sourit d’un air absent
Elle regarde par la fenêtre
Là haut j’entends l’ordinateur
Tip tip en longues phrases humides
L’océan lèche les marches usées
Une océanique écriture
Il cavale après sans répit
Ma mère danse et parfois pleure
Ma mère tartine des sandwiches
Moi je nage entre les écueils
Je dialogue avec les sirènes
Il suffirait de pas grand chose
Pour que se nouent les fils tissés
Pour que les jours fassent une pause
Je fais du café pour ma mère
Puis je le bois, noir et amer
J’ai grandi.
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