25 janvier 2010
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L'eau coule à contre-sens de tes pensées
Vers un avenir qui pour toi ne saurait être
Que le ressassement englué d’aujourd’hui
Derrière tes yeux clos, tes rêves en couleur
S’en vont revisiter l’autrefois où tu n’es plus
Mais où tu danses encore, petite fille
Emprisonnée dans ton enveloppe vieillie
Où sont les mots avant de passer ta bouche ?
Trou à ta chaussette, le présent
Visage qui se laisse aller, peau noircie , le présent
Mains de gisant sur ton ventre qui ne se cache plus
Le présent infini
Ta coiffure, une politesse incongrue, une dignité du désespoir
Une étrange retenue
Comme ton refus de céder au désir de t’allonger
Ton demi abandon au sommeil
Sentinelle de toi-même
Couvant comme enfant apeurée tes vieux sacs de plastique
T’appuyant sur eux comme s’ils protégeaient
Ton vieux sommeil troublé
Où sont les mots avant de passer ta bouche ?
Tu ne peux pas rester là !
Qu’est ce qu’ils vont dire
Que je fais mal mon travail
Qu’on ne me respecte plus
Que je suis bon pour la casse
Qu’il en faut un plus jeune, un qui porte l’uniforme
Sans états d’âme
Un gamin qui se croira investi de tous les pouvoirs
Moi, je n’y crois plus, c’est un fait…
Je pourrais t’accompagner à la sortie,
Te reverser dans la rue
Cesser de considérer que je dois faire quelque chose.
Je pourrais appeler
Des collègues et te faire embarquer
Pour quelque hospice où tu irais
T’allonger pour mourir
Je pourrais faire semblant de ne pas voir les gamins
Les trop vite grandis qui jettent des pierres
Et ne voient pas leur reflet de misère
Dans l’eau de ce canal
Où l’on finira par te retrouver un jour…..
Mais je n’y crois plus.
Je ne sais plus faire ça.
Tu ne peux pas rester là.
Tu n’es pas si vieille, je le sais.
Je ne suis pas si vieux,
Je me rappelle avant….
L’été de tes vingt ans, je me rappelle
Englué avec toi dans ta mémoire
Derrière tes yeux de sommeil
Ta peau, la douceur de ta peau, L’herbe, les pieds nus, la course ;
Toi, ton souffle, ton odeur
Le « je te veux » dans tes yeux
Ma lâcheté, « c’est mieux comme ça, amis, tu veux ? »
Ton regard, le soleil dedans, ou bien était-ce moi, ce « je te veux »
Et toi la lâcheté du « peut-être » ?
La mémoire s’amuse à nous égarer
Dans le labyrinthe aux miroirs
Mais cette phrase, surtout, avant l’adieu,
Que depuis je mâche et remâche
Où sont les mots avant de passer ta bouche ?
Et jour après jour je passe et repasse
Et t’observe là, dormant,
Moi , les bras ballants, impuissant et grotesque,
Toi sur ton sofa de plastique et ciment,
Dignement abandonnée, finalement, finalement.
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